lundi 19 mars 2018

Les vieux Fantômes (des histoires de prénoms)


Voilà,
Elle dit que leur père leur a donné, à elle et son frère, le prénom de chacun des grands-parents qui sont ceux du malheur, ceux du crime passionnel.
Il se souvient alors que sa mère lui avait demandé de choisir lui-même le nom de ses frères. Le cadet avait hérité du prénom anglicisé d'une vedette de variétés qu'il avait aimée dans son enfance. Au benjamin il avait attribué  celui d'un camarade d'école. Mais la mère en avait été effrayée car c'était un enfant turbulent et elle avait craint que cela ne contaminât son petit dernier. Elle avait en conséquence décidé d'y adjoindre le nom du père en un prénom composé. Il se rappelait aussi que la mère avait souvent évoqué le prénom (lui aussi composé) de son premier fiancé avec qui elle avait rompu, parce qu'il voulait la déflorer avant le mariage quand même il pouvait bien attendre non. Le fameux Pierre-Dominique ("Ah si j'avais épousé Pierre-Dominique je n'en serais pas là"). Mais revenons au benjamin qui a le nom du père. C'est précisément celui-là qui, des trois enfants, lui ressemble le plus. À la mort du père, qui coïncidait avec le moment où sa copine l'a quitté, le benjamin a racheté la maison familiale où il vit désormais avec la mère. Celle-ci, l'appelle désormais de plus en plus souvent par le seul nom du père. Celui que l'ainé lui avait attribué disparaît peu à peu, tout comme l'aîné d'ailleurs, qui est parti loin et donne de moins en moins de nouvelles.
Il y a aussi l'histoire de Jean-Caryl qui m'a été rapportée. Les parents de Jean-Caryl avaient une sensibilité de gauche. Pour témoigner de leur solidarité avec ce prisonnier américain, Caryl Chessman condamné à la peine de mort, en dépit de l'incertitude relative à sa culpabilité, et qui, avant d'être exécuté dut attendre 12 années au cours desquelles il écrivit plusieurs livres, il lui donnèrent ce deuxième prénom d'origine américaine. Il existe d'ailleurs une chanson française de Jean Arnulf concernant ce cas. Il est vraisemblable que Jean-Caryl a du avoir un peu de mal à porter le nom d'un repris de justice condamné à mort. Est-ce pour cela que plus tard il s'est engagé dans la police ?
Tout ça bien sûr me fait penser à l'histoire du petit Peau-Rouge qui demande à son père comment on choisit les prénoms des enfants. Mais vous devez sûrement la connaître. La première fois où je l'ai entendue, c'est racontée par Jane Fonda dans le film "le syndrome chinois". 

2 commentaires:

  1. Ancient cold weather gear? Remarkable image. And I haven't thought of Chessman in years. I like your story....

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  2. Mode et/ou fascination, souvenirs ou admiration, tous ces motifs de donner un prénom ou un autre. Tu le racontes si bien, c'est pas anodin un prénom, souvent.
    Comme Bill, il y a longtemps que je ne pensais à Chessman, chanson inconnue (de moi) aussi.
    Magnifique ta photo.

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